Comme de nombreux passionnés d'internet, je connais la valeur d'un nom de domaine. Si bien que lorsqu'une société disparait, je ne peux m'empécher de m'imaginer reprendre le site de la dite société pour en faire quelquechose d'autre, histoire d'éviter que tout ne se perde.
Récemment l'occasion m'en a été donnée. En 2009, j'ai vu le trafic de 24pm écologie multiplié par deux en une soirée grâce un reportage diffusé dans l'émission Capital sur un nouveau concept de maison en bois. Il s'agissait d'un constructeur suédois qui proposait des maisons design, en bois et écolo pour 1000 euros du m2, soit moins cher qu'un pavillon en parpaing énergivore et impersonnel.
J'ai calculé que 50 000 à 100 000 personnes s'étaient précipitées sur le web pour trouver des infos sur cette maison révolutionnaire. "Maison en bois suède", "Maison en bois en kit", "Maison en bois en kit suède", tout y est passé ce jour-là. J'ai donc décidé d'essayer de trouver le nom de cette entreprise, M6 ayant soigneusement oublié de citer le nom de la société. Deux jours plus tard, je l'ai trouvée et j'ai décidé de déposer son nom de domaine en français: nexthouse.fr
Mon objectif n'était pas de me livrer à des activités coupables de cyberquatting, mais de protéger le nom de domaine et de créer un contact avec la société suédoise, Next house. Cette dernière ne tarda pas à me contacter et je lui cédais le nom de domaine pour une somme symbolique. Mon objectif de prise de contact était atteint: avoir un contact direct avec le fondateur et lui proposer les services de webmarketing de mon agence. Je le rencontrais quelques semaines plus tard à Stockholm et le "feeling" passa. Il me demanda un devis que je lui envoyais dès mon retour en France.
Puis, plus rien. J'eu beau relancé le sympathique dirigeant, mais rien n'y fait. Plus aucune nouvelle.
Je me dis que je n'avais pas assuré un suivi commercial suffisament serré et me suis dit qu'un peu plus d'agressivité commerciale n'aurait pas fait de mal.
Mais je me suis aperçu trois plus tard que je me trompais. En mai 2012, je me suis aperçu que le site français avait disparu. Idem pour le site suédois. J'ai donc commencé une enquête qui m'a mené jusqu'à des articles datant de 2011 qui parlait de la revente de la société à un homme d'affaire iraquien de Dubai via une société holding basée à Genève. Un schéma un peu compliqué, à mon goût...
J'ai compris que le site français ne serait réactivé (d'autant que c'était toujours mon adresse email qui figurait dans le whois du nom de domaine français qui n'avait jamais été complèté repris par Nexthouse.fr).
J'ai donc programmé une alerte pour racheter le nom de domaine nexthouse.fr le 12 octobre 2012, date à laquelle il redeviendrait disponible à l'enregistrement si les racheteurs de Nexthouse décidaient de ne pas le renouveler. Personne ne le renouvela et j'ai récupéré le nom de domaine le 20 octobre.
Mais que faire de ce nom de domaine ?
Installer de la publicité dessus ? Cela m'aurait permis de gagner 40 euros par an. Mouais....
Monter un faux site comme un autre pro du web l'a fait sur nexthouse.eu ? Mouais....
J'ai finalement opté pour une autre solution. J'ai raconté la "Saga de Nexthouse" où l'histoire reconstitué à travers les éléments que j'avais récupéré lors de mes échanges avec la société, mais surtout pour la fin de son histoire à travers ce que j'ai pu en récupéré sur le web.
Quelques blogs français qui avaient vaguement suivi l'histoire m'ont fourni le début de la fin, mais j'ai du me rendre sur des sites suédois pour avoir le détail. L'histoire a été difficilement à reconstituer, mais je pense avoir accouche d'un tout cohérent.
Lorsque j'ai rencontré le fondateur de la société en 2009, elle était à un tournant de son histoire. Le reportage de M6 a paradoxalement marqué le début de la fin. La société a vu le nombre de demandes se multiplier et a fini par être victime d'une crise de croissance. Besoin en fond de roulement énorme, pas de financement à la hauteur du potentiel de la société (qui aurait pu atteindre 100 ou 200 millions d'euros en 5 ans), mais qui avait terminé sur un CA de 2 millions d'euros en 2008, n'avait pas de capacité de financement pour aller beaucoup plus loin.
Le fondateur s'est visiblement endetté à titre personnel, à emprunter à un financier à un taux incroyablement élevé, a surestimé les rentrées qui proviendraient de son développement à l'étranger (notamment de France), les dettes se sont accumulées.
En moins d'un an, la société a été poussée à la faillite, par le financier usurier qui avait prêté 2 millions d'euros et qui aurait du être remboursé en 4 mois. 3 mois plus tard, le mandataire de justice en charge du redressement de la société a revendu la société à un autre financier suédois et au fameux homme d'affaires iraquien basé à Dubai qui a essayé de récupérer la marque, les actifs, mais pas les dettes via une nouvelle société. Le premier financier qui voulait récupéré les 2 millions qu'il avait prêté à attaquer la nouvelle société en justice et l'a poussé au dépôt de bilan. Un jugement en appel plus tard, il ne restait plus rien.
C'est intéressant de voir qu'internet permet de récupérer comme informations en couplant les articles en suédois et le traducteur automatique de Google...
Moralité, j'ai raconté la Saga Nexthouse sur nexthouse.fr, pour laisser une trace de ce joli projet.
... et aussi, je l'avoue pour voir s'il est possible de créer un fichier de contacts intéressés par la construction de maison en bois design ! En reconnectant le nom de domaine, j'ai vu que 60 personnes cherchaient spontannément à se connecter sur www.nexthouse.fr, alors même qu'il n'était plus référencé dans Google. Je pense, donc que ce sont probablement au total, 500 à 1000 personnes, qui cherchent encore des infos sur la société chaque mois.
J'ai installé un pop up, créé en 1 heures grâce à Email Booster, un système proposé par Neodia [le passage de pub est terminé, merci !] pour voir si je pouvais accrocher des prospects par la construction de maison en bois design.
Voila, c'est un test comme les entrepreneurs internet en réalisent des milliers, chaque année !
J'ai ensuite contacté la société suédoise